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Ariane 5, la légende

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Lanceur européen de référence, parmi les plus fiables au monde, Ariane 5 s'est élancée pour la première fois du Centre spatial guyanais le 4 juin 1996. A l'issue de 27 ans de carrière jalonnés de succès et de missions emblématiques, Ariane 5 a effectué son 117e et dernier vol le 5 juillet 2023. 

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Ariane 5, une épopée spatiale européenne

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En 1987, les 12 états membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) s’accordent pour développer un successeur à Ariane 4, pour placer en orbite des satellites de plus en plus lourds et puissants. Orbite basse, moyenne, géostationnaire ou encore orbite de libération, Ariane 5 permet de viser n'importe quelle orbite.

 

Rapidement devenue leader mondial sur le marché des lancements de satellites de télécommunication en orbite de transfert géostationnaire, Ariane 5 pouvait y placer 10 tonnes pour un lancement double et 10,8 tonnes pour un lancement simple. Sa capacité d'emport atteint jusqu’à 21 tonnes en orbite basse, comme ce fut le cas pour les vaisseaux cargo ATV destinés au ravitaillement de la Station spatiale internationale.

 

Depuis son 1er lancement le 4 juin 1996, Ariane 5 a été déclinée en 5 versions permettant de remplir tout type de mission, pour des satellites télécommunications, d'observation de la Terre ou encore des sondes d'exploration de l'univers :

 

- Ariane 5 G (Générique) : pouvait placer jusqu'à 6 tonnes de charge utile en orbite de transfert géostationnaire.

- Ariane 5 G+ : version améliorée du lanceur Ariane 5 G, avec une capacité de 7,1 tonnes.

- Ariane 5 GS : Ariane 5 générique équipée d'un étage supérieur réallumable à propergol stockable (EPS).

- Ariane 5 ES : une version optimisée pour le lancement du véhicule automatique de transfert (ATV).

- Ariane 5 ECA : pouvait placer 10,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire. Elle était équipée du moteur Vulcain 2 et d'un nouvel étage supérieur cryotechnique.

 

Ses différentes versions ont permis à Ariane 5 de s'adapter aux besoins croissants en termes de capacité de lancement et d'évolution des charges utiles au cours des années.

 

Parmi ses missions les plus emblématiques, on peut citer les satellites de géolocalisation européens Galileo, la sonde BEPI COLOMBO dédiée à l'exploration de Mercure, le télescope James WEBB, qui est le plus puissant à ce jour pour observer l'univers, les vaisseaux cargo ATV pour le ravitaillement de la Station spatiale internationale, ainsi que la mission JUICE consacrée à l'étude de Jupiter.

 

Le dernier vol d'Ariane 5 a eu lieu en juillet 2023, marquant la fin de sa carrière après 27 ans de service. Le lanceur lourd européen affichait une fiabilité exceptionnelle dans sa catégorie, atteignant un taux de 98,4 % lors de son dernier vol.

 

 

Découvrez ici l’historique des lancements Ariane 5 ! 

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Décollage Ariane 5
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Décollage du lanceur Ariane 5 le 13 décembre 2022.

L’ensemble de lancement d'Ariane 5 (ELA3)

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Dès le lancement du projet Ariane 5, il est devenu évident qu'un nouvel ensemble de lancement Ariane serait nécessaire. La conception du nouveau lanceur européen se distinguait nettement de celle de ses prédécesseurs, nécessitant une refonte complète des méthodes et des équipements en vigueur pour les versions précédentes d'Ariane.

 

Ce troisième Ensemble de lancement Ariane (ELA3) aura nécessité 10 ans pour son développement, puis sa construction et sa qualification. La zone de lancement connaîtra ensuite des évolutions pour s'adapter aux différentes versions d'Ariane 5.

 

D'une superficie de 20 km2, l’ELA3 se composait du Bâtiment d'intégration lanceur (BIL), du Bâtiment d'assemblage final (BAF), et à distance de 2,8 km, de la zone de lancement. Il rassemblait également des espaces de stockage d'hydrogène et d'oxygène liquides (le comburant et le carburant du lanceur), des locaux techniques, et le centre de lancement pour superviser les opérations.

 

Les différents composants d'Ariane 5, en provenance d'Europe, étaient assemblées de manière verticale au BIL, une structure de 58 mètres de haut. En commençant par l'étage principal cryotechnique du lanceur, avant d’y ajouter les deux étages d’accélération à poudre (fabriqués au CSG), puis l'étage supérieur. Enfin, la case à équipements, le "cerveau" électronique du lanceur était posée au-dessus.

 

Une fois assemblée, la partie inférieure du lanceur était transférée au BAF. C’est dans cette structure de 90 mètres de haut, entièrement climatisée, que la charge utile était intégrée : la coiffe abritant les satellites était fixée au sommet du lanceur. Pour un lancement avec deux satellites, un adaptateur nommé SYLDA (Système de lancement double Ariane) était utilisé pour les installer l'un au-dessus de l'autre. Le bâtiment d'assemblage final servait aussi à réaliser les opérations de mise en configuration des moteurs d'Ariane 5.

 

Une fois complète, Ariane 5, toujours sur sa table de lancement, était tractée sur des rails par un puissant camion jusqu'au pas de tir.

 

En zone de lancement, Ariane 5 était adossée à la tour Cazes. Haute de 40 mètres, celle-ci protégeait le lanceur du vent et des vibrations générées, et permettait son alimentation en fluides et en électricité. Cinq heures avant le décollage, les réservoirs des étages cryotechniques y étaient remplis en oxygène et en hydrogène liquides.

 

Autour du lanceur, 4 paratonnerres le protégeaient de la foudre. A l'opposé de la tour Cazes se trouvaient les deux carneaux, véritables pots d'échappements du lanceur lors du décollage. À quelques mètres de là, le château d'eau de 90 mètres de haut, permettait de déverser 30 m3 d’eau par seconde pour protéger la table de lancement des flammes et des vibrations sonores. 

 

Le centre de lancement (CDL3) permettait de commander à distance les opérations sur le lanceur et la zone de lancement. Positionné à 2,5 km du pas de tir, le centre de lancement, aujourd'hui reconfiguré pour Ariane 6, est situé dans un abri durci pour résister à des débris de fragments. 

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Vue aérienne de l'ensemble de lancement Ariane 5.
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Vue aérienne de l'Ensemble de lancement Ariane 5.

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Crédit(s)

ESA, Stéphane Corvaja