Diamant (1970 - 1975)
Diamant, premier lanceur de satellites français, a débuté sa carrière en 1965 à Hammaguir en Algérie, puis a réalisé 8 missions de lancement et mis 7 satellites en orbite depuis le CSG entre 1970 et 1975. La réussite de ce programme a propulsé la France au troisième rang des puissances spatiales de l'époque.
Des débuts en Algérie
Diamant est le premier lanceur de satellites français réalisé à partir de développements effectués pour un missile stratégique. Un premier étage doté d'un moteur à ergols liquides, deux étages à propergols solides, plus un troisième étage non piloté et un satellite forment le lanceur Diamant-A (A pour Armée). Hauteur : 18,94 mètres et masse totale : 18,4 tonnes.
Le premier lancement de Diamant-A a lieu le 26 novembre 1965 depuis la base de lancement saharienne d'Hammaguir, en Algérie. A son bord, le satellite expérimental Astérix. Pesant 42 kilogrammes, il a pour mission de valider le fonctionnement du lanceur. Cet événement permet à la France de rentrer, après l'Union soviétique et les Etats-Unis, dans le cercle très fermé des nations capables de mettre en orbite un satellite de manière autonome. La troisième puissance spatiale mondiale était née.
Après trois nouveaux succès en 1966 et 1967, l'indépendance algérienne, régie par les accords d'Evian, oblige alors la France à abandonner la base de lancement d'Hammaguir. En même temps, le CNES travaillait à l'élaboration d'un lanceur plus performant : Diamant-B, doté d'une capacité d'emport de 115 kilogrammes au lieu de 80 pour Diamant-A.
Diamant arrive à Kourou
En 1968, le site Diamant est déjà en chantier à Kourou. Il devient opérationnel le 10 mars 1970 avec le tir réussi de la première fusée Diamant-B emportant le satellite scientifique allemand Dial.
4 autres lancements suivent, dont 2 échecs, en 1970, 1971 et 1973. Les trois derniers lancements, avec le lanceur Diamant-BP4, auront lieu en 1975, dont le 6 février celui de Starlette, satellite français dédié aux études géodésiques et géophysiques.
Le programme Diamant prendra fin en octobre 1975 en raison de contraintes budgétaires, résultant de l’engagement significatif de la France dans le nouveau programme de lancement européen Ariane.
Mais avec 10 succès sur 12 lancements, Diamant a été une incontestable réussite qui a permis au CNES de se familiariser avec la technologie des lanceurs. Ces importantes expériences scientifiques et le développement des infrastructures de lancement du CSG ont hissé la France au rang de pionnier de la construction de l'Europe spatiale.

Lanceur Diamant-B2 sur sa table de lancement. Il a placé le satellite Péole en orbite le 12 décembre 1970.
L’ensemble de lancement Diamant
L'Ensemble de Lancement Diamant (ELD), achevé en août 1969, comprend le hall d'assemblage du lanceur ainsi que la tour de montage, connectés par un sas, et un local qui abrite le banc de contrôle. Les accès au lanceur érigé sur la table de lancement sont facilités par des plates-formes articulées solidaires de la tour de montage. Cette dernière et le sas de liaison sont reculés d'environ cinquante mètres pour permettre le lancement. Cette conception est néanmoins caractérisée par la vulnérabilité des bâtiments et équipements situés à proximité du pas de tir.
Après l’abandon du programme Diamant, le site est désaffecté en 1976 et utilisé comme lieu de stockage et de tri de déchets industriels.
En 2020, la réhabilitation du site Diamant est entamée en vue d'accueillir le véhicule spatial européen réutilisable Callisto, ainsi que des mini lanceurs développés par des sociétés privées. Rebaptisé Ensemble de Lancement Multi-lanceurs n°1 (ELM1), le site exploite au maximum les infrastructures pré-existantes, ce qui contribue à réduire les coûts de réhabilitation et à atténuer l'impact environnemental du projet.

L'ensemble de lancement Diamant au CSG en 1970.