Soyouz en Guyane
Fruit d’un partenariat entre la Russie et l'Europe, Soyouz en Guyane complétait l'offre de lanceurs commerciaux d'Arianespace en proposant aux clients un lanceur pouvant transporter des satellites plus petits que ceux lancés par Ariane 5 et plus gros que ceux lancés par Vega.
Un lanceur flexible à la capacité optimisée
Fabriquée en Russie, la version ST du lanceur Soyouz a dû être adaptée aux conditions météorologiques de la Guyane, et aux exigences de sécurité et de protection du port spatial européen.
Il permettait de proposer aux clients un lanceur pouvant transporter des satellites plus petits que ceux lancés par Ariane 5 et plus gros que ceux lancés par Vega. En décollant depuis le CSG, Soyouz augmentait sa capacité de transport en la portant jusqu'à 3 tonnes vers l'orbite géostationnaire (36 000 km d'altitude) et 5 tonnes sur orbite basse (entre 300 et 1000 km).
La Guyane étant plus près de l'équateur - là où la vitesse de la Terre est la plus grande - le lanceur bénéficiait ainsi d'une "poussée" supplémentaire qui lui permettait de transporter des satellites plus gros avec moins de carburant. Avec une configuration identique, un Soyouz emportant une masse de 3 tonnes au CSG ne pouvait emporter que 1,7 tonne depuis Baïkonour.
Le 26 février 2022, après 27 lancements, l'exploitation du lanceur russe Soyouz au Centre spatial guyanais est interrompue. Roscosmos, l'agence spatiale fédérale russe, suspend ses opérations au CSG en raison des sanctions internationales imposées suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Retrouvez ici l'historique des lancements Soyouz en Guyane !

Décollage du lanceur Soyouz VS21, le 27 février 2019, depuis le CSG pour placer en orbite les six premiers satellites de la constellation OneWeb.
L’ensemble de lancement Soyouz (ELS)
La technologie de Soyouz étant très différente de celle d'Ariane, ce lanceur devait disposer de ses propres installations de lancement. Le chantier de l'Ensemble de lancement de Soyouz au CSG a commencé fin 2005 avec les travaux de terrassement, et sa mise en service a eu lieu le 21 octobre 2011 lors du 1 er lancement.
Le site choisi est situé à l'extrémité nord-ouest de la base spatiale, à 27 km de la ville de Kourou, 12 km des Ensembles de lancement Ariane et à 18 km de la ville de Sinnamary. Le sol y présente un socle granitique près de la surface qui permet de limiter les constructions en béton pour la réalisation de la zone de lancement. De plus, il est suffisamment éloigné des ensembles de lancement de Vega et d'Ariane 5 pour ne pas être trop affecté par les contraintes liées aux opérations sur ces sites.
L'Ensemble de lancement Soyouz comportait deux zones : une zone de préparation du lanceur (avec les bâtiments d'assemblage et de remplissage des étages, des locaux techniques et un centre de lancement pour superviser les opérations) et une zone de lancement.
Des installations spécifiques
A la différence d'Ariane 5 ou de Vega, la majeure partie de Soyouz était assemblée à l'horizontale, dans un bâtiment surnommé MIK de son nom russe, qui accueillait les opérations d'assemblage des différents étages du lanceur.
Inauguré en 2016, le bâtiment FCube était le lieu du remplissage en carburant et comburant de l'étage Fregat de Soyouz. Cette mise en service a permis de réduire d'une semaine la préparation du lanceur. Auparavant, ces opérations de remplissage de se déroulaient à l'ensemble de préparation des satellites S3, qui accueillait aussi l'assemblage de la partie haute du lanceur.
Soyouz était ensuite déplacé en zone de lancement, et verticalisé. Puis l'étage Fregat, le(s) satellite(s) et la coiffe étaient placés au sommet du lanceur. C'est aussi en zone de lancement que les boosters étaient remplis en oxygène et kérosène. Ces opérations étaient menées à l'intérieur du portique mobile, qui venait entourer le lanceur une fois celui-ci à la verticale, puis se reculait peu avant le décollage.
L'ensemble de lancement Soyouz au CSG ressemblait en grande partie à celui du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan où sont lancés les Soyouz russes, mais il apportait une différence significative : son portique mobile. Il remplaçait un système d'étroites passerelles à ciel ouvert utilisé à Baïkonour et... non-conforme à la législation européenne. Il permettait également de protéger le lanceur et de faciliter le travail des opérateurs lors des opérations finales d'assemblage.
Sur l'ensemble de lancement Soyouz, les opérations étaient pilotées depuis un centre de lancement dédié, situé à 1km du pas de tir.

Le lanceur Soyouz VS10 en 2014, prêt au décollage sur son pas de tir, portique reculé.
Le site de lancement Soyouz devient aujourd'hui l'Ensemble de lancement Multi-lanceur n°2. Après sa réhabilitation, il sera dédié à l'accueil du mini-lanceur réutilisable Maia ainsi qu'au lauréat du challenge ESA.