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Les usines de production

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Si la majeure partie des éléments des lanceurs est produite en Europe, certains éléments comme les propulseurs à poudre - qui servent de boosters à Ariane 6 ou de 1er étage à Vega-C - sont réalisés au Centre spatial guyanais. Les usines du CSG produisent également les différents ergols liquides servant de carburant aux lanceurs, ainsi que d'autres gaz et fluides essentiels à la préparation d'un lancement.
 

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La production des propulseurs

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Une partie des lanceurs Ariane 6 et Vega-C est fabriquée au CSG : ce sont les propulseurs à poudre, ces fameux boosters essentiels pour la poussée du lanceur au décollage. Selon sa configuration, Ariane 6 en comporte deux ou quatre qui viennent s'accrocher à l'étage principal du lanceur. Vega-C en utilise un seul, qui constitue son premier étage. Appelé P120C, ce propulseur est chargé de 142 tonnes de propergol solide. Sa version évoluée, le P160C, en contiendra 157 tonnes.

 

Le Centre spatial guyanais s'est doté d'un véritable centre industriel de production des propulseurs à poudre. Etablie sur 300 hectares, cette "zone propulseurs" regroupe les 4 sites impliqués dans leur fabrication, leur préparation et leur stockage : l'Usine de Propergol de Guyane, le Bâtiment d'intégration des propulseurs, le Booster Finishing Facility, et le Bâtiment de stockage des boosters. 

 

Dans cette zone se trouve également l'infrastructure qui sert à tester et valider les nouvelles versions des propulseurs avant leur production en série : le Banc d'essai des accélérateurs à poudre.

 

Fabriquer le propergol

 

L'Usine de Propergol de Guyane est exploitée par la société Regulus, une filiale commune d’AVIO et d’Arianegroup.

 

Dans l'Usine de Propergol de Guyane, dans d'énormes cuves, des batteurs appelés "malaxeurs" mélangent la pâte de propergol constituée de carburant (poudre d'aluminium), de comburant (perchlorate d'ammonium), et d'un liant (résine polybutadiène). 

 

Une fois la pâte réalisée, elle est versée dans la structure vide d'un propulseur. Cette structure bobinée et équipée de ses protections thermiques est fabriquée par AVIO en Italie.

 

La pâte cuit alors à 50°C pendant 10 jours, profondément ancrée dans un puits de coulée. Quand la pâte est solidifiée, le propulseur subit une série de contrôles.

 

Il est ensuite transféré à la verticale au Bâtiment basculement de propulseurs (BBP) à l'aide d’un véhicule spécifique, le Fardier AIT250. Comme son nom l'indique, le BBP permet de basculer cet imposant cylindre de 142 tonnes de propergol, de la position verticale à la position horizontale et inversement. Une fois placé en position horizontale il peut être acheminé au Bâtiment d’intégration des propulseurs (BIP). 

 

 

Compte tenu des matières dangereuses manipulées au sein de l'usine, le site est classé Seveso III

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Le 1er étage de Vega-C en préparation à l'usine de propergol de Guyane
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Préparation à la coulée d'un propulseur à l'usine de propergol.

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Finaliser les propulseurs

 

La préparation des étages d'accélération à poudre se poursuit au Bâtiment d'intégration des propulseurs sous la responsabilité de la société Europropulsion SA, filiale commune du groupe franco-allemand Arianegroup et de l'italien Avio. L'entreprise est responsable de la conception, du développement et de la production des moteurs à propergol solide, P120C et P160C.

 

Le bâtiment dédié à l'intégration des propulseurs a été adapté suite à l'arrêt de la production des étages des lanceurs Ariane 5 et Vega : il les accueille désormais à l'horizontale, et est conçu pour permettre la préparation de deux propulseurs simultanément.  

 

S'il est destiné à devenir le premier étage de Vega-C, le propulseur est achevé à 100 % au BIP par Europropulsion. Il est ensuite réacheminé vers le Bâtiment de basculement de propulseurs (BBP) où il est mis en position verticale, avant d’être transféré soit directement en zone de lancement Vega soit au Bâtiment de stockage des boosters (BSB).

 

Si le propulseur est destiné à Ariane 6, il est finalisé à 80 % par Europropulsion, puis il est transporté sur un véhicule de transport spécifique, le Fardier AIT400, au bâtiment Booster Finishing Facility (EFF) où il est pris en charge par Arianegroup pour les opérations finales d'intégration et de tests : mise en place de protections thermiques, dispositifs d'accrochage, brochage des vérins sur la tuyère, essais fonctionnels…

 

Ainsi nait le booster d'Ariane 6, aussi appelé Equiped solid rocket (ESR), pesant de 165 à 180 tonnes selon les versions et mesurant 22 mètres de long pour 3,4 mètres de diamètre. Il sera ensuite lui aussi transféré jusqu'au Bâtiment de stockage des boosters, en attendant de rejoindre le pas de tir d'Ariane 6.

 

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Intégration de la partie supérieure d'un booster d'Ariane 6 dans le bâtiment d'intégration des propulseurs (BIP), le 29 février 2024, en vue du vol inaugural.
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Intégration de la partie supérieure d'un booster d'Ariane 6 dans le Bâtiment d'intégration des propulseurs (BIP), le 29 février 2024, en vue du vol inaugural.

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Stocker les propulseurs

 

Les propulseurs prêts à l'emploi sont entreposés au Bâtiment de stockage des boosters (BSB).

 

C'est une "zone tampon" stratégique entre la zone de production des étages à poudre, où ils sont fabriqués un par un, et la zone de lancement d'Ariane 6 où ils seront utilisés par deux ou par quatre selon la version du lanceur, Ariane 62 ou Ariane 64. Un équipement indispensable à la montée en cadences rapide des lancements au CSG.
 

Avec ses douze docks verticaux, le BSB est ainsi dimensionné pour recevoir jusqu’à douze propulseurs simultanément. Deux de ces docks permettent indifféremment de stocker un premier étage de Vega-C ou un booster d'Ariane 6.  

 

Le bâtiment mesure 60 m de long, 28 m de large et 32 m de haut, soit la hauteur d’un immeuble de 10 étages. C’est le plus grand bâtiment européen de stockage de produits pyrotechniques puisqu'il sera possible d'y stocker jusqu'à 1900 tonnes de matière potentiellement explosive en même temps.

 

Les mesures prises pour assurer la sécurité sont donc également hors normes, de la conception extrêmement robuste du bâtiment jusqu'à son isolement puisqu'il n'y a rien autour du BSB dans un rayon de 700 mètres.

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La production des gaz et des fluides

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Présent en Guyane depuis 1970, Air Liquide Spatial Guyane (ALSG) produit et distribue l'oxygène et l'hydrogène liquides servant d'ergols au lanceur Ariane 6, ainsi que l’azote, l’hélium et l’air comprimé, nécessaires aux lancements et au fonctionnement des activités de la base spatiale.

 

Air Liquide Spatial Guyane exploite cinq usines de production réparties sur plus de 6 hectares, ainsi qu’un réseau de canalisation pour approvisionner les utilisateurs sur le Centre spatial guyanais.

 

Les ergols des lanceurs

 

Pour alimenter certains de ses moteurs, Ariane 6 utilise des ergols :  un comburant, l’oxygène liquide, et un carburant, l’hydrogène liquide. Ils sont produits au cœur du CSG dans deux usines dédiées. 

 

Ces ergols sont produits puis stockés à très basse température à l’état liquide dans des réservoirs spécifiques, et ils sont transportés jusqu’au pas de tir pour remplir le lanceur quelques jours avant le lancement. L’oxygène est à l’état liquide à -183°C, hydrogène est à l’état liquide à -253 °C.

 

Les fluides de service

 

Les activités opérationnelles nécessitent l’utilisation de fluides qui sont également produits ou transformés au Centre spatial guyanais : l’azote, l’air comprimé et l’hélium. 

 

L’azote est produit en même temps que l’oxygène liquide. Il est stocké à l’état liquide (à une température de -196°C) avant d’être transformé en gaz. L’air comprimé est produit en temps réel au fil des besoins. L’hélium est, quant à lui, importé à l’état liquide (à une température de -269°C) puis transformé en gaz. 

 

Ces fluides sont acheminés à l’état de gaz jusqu’à leurs différents utilisateurs via des réseaux de canalisation sous pression. Ils sont utilisés pour la préparation des lanceurs et celle des satellites, ainsi que pour les activités de production sur divers sites du centre spatial. 

 

Une production au service de toute la Guyane

 

L’oxygène liquide, l’azote liquide et l'hélium produits dans les usines d’ALSG sont également utilisés par des entreprises locales ne faisant pas partie de la base spatiale. De l'oxygène liquide est par exemple fourni aux hôpitaux, ou de l'azote à des entreprises industrielles. 

La production d'ALSG contribue donc ainsi au développement économique de la Guyane.

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L'usine de production d'oxygène (avec tous les gaz de l'air : azote, hélium, air comprimé) est séparée de l'unité hydrogène.
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L'usine de production d'oxygène liquide et autres gaz de l'air (azote, hélium, air comprimé). Elle est séparée de l'unité de production d'hydrogène.