Europa 2 (1971)
Premier projet de lanceur développé par l'Europe, Europa 1 et son successeur Europa 2 sont des échecs. Ils poseront néanmoins les bases du prochain succès du spatial Européen, le programme Ariane.
Le lanceur Europa 1
Née en 1964 avec l'ELDO (Organisation pour le développement d'un lanceur européen), l'Europe spatiale se lance dans la quête de l'accès autonome à l'espace, et plus particulièrement à l'orbite géostationnaire afin de capter le marché porteur des télécommunications détenu par les États-Unis.
Il en découle alors le projet du lanceur Europa, issu de l'union de 6 pays. Le 1er étage, Blue Streak, est réalisé par l'Angleterre, le 2e, Coralie, par la France, et le 3e, Astris, par l'Allemagne. L'Italie réalise quant à elle un satellite expérimental, les Pays-Bas une station de télémétrie et la Belgique une station de guidage radio.
Les lancements de la 1ère version d'Europa se déroulent à Woomera en Australie, pays partenaire du programme. Chacun des cinq essais du lanceur complet se solde par un échec, entraînant le retrait de l'Angleterre et de l'Italie.
Les missions que l'on souhaitait confier à un lanceur européen ont évolué, le programme est donc réorienté. Outre une redistribution des participations financières, il est décidé de transformer Europa 1 en un lanceur quadriétage capable de placer un satellite en orbite de transfert géostationnaire.
Le 8 juillet 1966, le conseil du CECLES (Conférence Européenne de Construction de Lanceurs et d'Engins Spatiaux) accepte la proposition française de construire le pas de tir destiné à Europa 2 à Kourou, en Guyane française.
Le programme Europa 2
Europa 2 est équipé d’un quatrième étage à poudre, pouvant placer en orbite de transfert géostationnaire des satellites de 360 kg.
Europa 2 ne volera qu'une seule fois, le 5 novembre 1971 depuis Kourou. Les installations au sol ont parfaitement fonctionné mais au bout de 150 secondes, les moteurs s’arrêtent et l'étage Blue Streack explose entraînant la perte du lanceur. L'enquête montre qu'un défaut de fonctionnement de la centrale inertielle est à l'origine de l'échec.
Le 27 avril 1973, lors du conseil de l'ELDO, la France et l’Allemagne décident d'abandonner Europa 2 au profit du projet Europa-3B, totalement nouveau et beaucoup plus ambitieux. Europa-3B ne verra finalement jamais le jour, mais son premier étage servira de base pour la conception de celui du lanceur européen Ariane.

Europa 2 sur son pas de tir au Centre spatial guyanais.
Zone de lancement Europa 2
Le site de lancement de la fusée Europa 2 a été construit dans le cadre du programme ELDO, et à l'origine, il portait le nom de Base équatoriale du CECLES (BEC).
Les échecs répétés d'Europa 1 et 2 fournissent toutefois une acquisition d'expérience qui se révèlera précieuse. C'est notamment le cas pour l'ensemble de lancement Europa 2. La volonté de mieux protéger les moyens sol a abouti à la séparation géographique des activités de préparation des étages, des activités d'érection, de contrôle et de remplissage aboutissant à la mise à feu.
Situé à 20 km de Kourou, les installations d'Europa comprennent :
Une zone de lancement dotée d'une table de lancement et d'une tour de montage métallique. A l'intérieur, un mât ombilical assure la liaison électrique et pneumatique entre les étages de la fusée et les équipements.
A 250 m de là, le centre de lancement, avec ses locaux circulaires, abrite un poste de contrôle et ses annexes.
A 1200 m de la zone de lancement se trouve la zone d’assemblage et de préparation du lanceur, comportant notamment le hall de préparation.
Mis en sommeil après l’échec du premier vol Europa 2, le site est réhabilité pour devenir l’Ensemble de lancement Ariane n°1 (ELA-1). Il accueillera les tirs d'Ariane 1 à partir de 1979, puis ceux des Ariane 2 et 3.

Ensemble de lancement Europa 2.