Ariane 1 à 4 (1979 - 2003)
Initié dans les années 70, le programme Ariane est indissociable du Centre spatial guyanais. Basé sur les travaux du CNES, il est l'un des projets phares portés par l'Europe spatiale pour atteindre l'indépendance d'accès à l'espace.
Dans la famille Ariane…
Le programme Ariane a été lancé en 1973 par l'ESRO, ou Conseil Européen de Recherches Spatiales (European Space Research Organisation en anglais). Cette ancienne organisation européenne dédiée à la recherche spatiale a été créée en 1964 par dix pays européens et a fusionné avec l'ELDO en 1975 pour former l'Agence Spatiale Européenne (l'ESA).
Le programme Ariane a pour but de répondre au besoin de l'Europe de disposer de ses propres moyens de lancement, suite à l'échec du programme Europa. L'objectif était de ne plus dépendre des États-Unis ou de la Russie pour l'accès à l'espace. Le programme s’appuie à l’origine sur l’expérience acquise par le CNES dans les années 1960, avec le développement du lanceur Diamant.
Ariane 1 (1979-1986)
Cette coopération européenne donne naissance à Ariane 1, premier lanceur lourd de 3 étages, capable de placer en orbite des satellites géostationnaires de près d'une tonne. Son vol inaugural a lieu avec succès le 24 décembre 1979.
En prévision de l'augmentation de la taille des satellites, les différentes versions d'Ariane ont été développées en parallèle, et Ariane 1 a rapidement été suivie par Ariane 3 puis Ariane 2 qui ont utilisé le même pas de tir. Son dernier vol a eu lieu le 22 février 1986.
Ariane 2 (1986-1989)
Ariane 2 n'aura volé que six fois. Son vol inaugural du 31 mai 1986 est un échec mais les cinq suivants sont réussis, jusqu'au dernier, le 02 avril 1989. Ariane 2 représente un court mais très important chapitre dans l’histoire des fusées européennes. Les trois étages du lanceur sont améliorés. La poussée des moteurs Viking du premier et du second étage sont améliorés également et le troisième étage cryotechnique est allongé afin de fonctionner plus longtemps.
Ariane 3 (1984-1989)
La 3e version d'Ariane s’est élancée 11 fois dans l’espace entre 1984 et 1989 et a connu seulement 1 échec. Avec ses propulseurs à propergol liquide ou solide, Ariane 3 se distinguait comme le lanceur le plus puissant et le plus adaptable des trois.
Equipée du système de lancement double Ariane (SYLDA) elle peut mettre sur orbite deux satellites simultanément. Son dernier tir, le Vol 32 du 12 juillet 1989, lui a permis d'établir son record de poids mis en orbite de transfert géostationnaire avec le satellite Olympus 1 (2,7 tonnes).
Ariane 4 (1988-2003)
La première Ariane 4 décolle le 15 juin 1988. En 15 ans et 116 lancements elle connaitra seulement 3 échecs, jusqu'à la fin de sa carrière en 2003. Son exceptionnelle fiabilité assurera le succès commercial des lanceurs européens dans le monde entier.
Déclinée en 6 version, Ariane 4 était extrêmement polyvalente. Son premier étage était capable d'accueillir deux ou quatre boosters, voire aucun. Elle pouvait mettre en orbite des satellites pesant de 2 à près de 4,3 tonnes.
Retrouvez ici l'historique des lancements Ariane !

Les ensembles de lancement Ariane
Ensemble de lancement d'Ariane 1, 2 et 3 (ELA1)
ELA-1, le premier Ensemble de lancement Ariane, a été construit entre 1975 et 1978 sur le site de l'ancien ensemble de lancement Europa II, avec l'intention de récupérer les installations pré-existantes. Les bâtiments, et en particulier la tour de montage, sont adaptées au nouveau lanceur
En 1978, les travaux de modification sont achevés et permettent pour la première fois à une maquette grandeur nature d'Ariane de se dresser sur l'aire de lancement. Cette maquette n'est pas destinée à voler mais doit servir à la qualification et à l'homologation des systèmes fluides bord et sol.
Inauguré avec Ariane 1 le 24 décembre 1979, les installations accueilleront ensuite les lanceurs Ariane 2 et 3, pour un total de 25 lancements. L'ensemble de lancement permet quatre à cinq lancements par an avec des campagnes de préparation de deux mois.
Les opérations s'y arrêtent avec le dernier lancement Ariane 3, en 1989, avant d'être démontées en juin 1991. Désaffecté pendant près de 20 ans, l'ELA1 sera ensuite rénové pour devenir l'Ensemble de lancement Vega (ELV), destiné au nouveau lanceur léger européen. Il est aujourd'hui utilisé pour Vega-C.
Ensemble de lancement d'Ariane 4 (ELA2)
Décidée en août 1981, la construction de cet ensemble de lancement était destinée à Ariane 3, mais surtout à Ariane 4 pour répondre à deux objectifs majeurs : donner plus de souplesse aux opérations de préparation, mais aussi augmenter la fréquence des lancements, jusqu'à 12 par an. Pour concevoir et construire ces installations, l'ESA mandate le CNES, auteur des ensembles de lancement précédents du CSG. L'exploitation est quant à elle confiée à la société Arianespace.
Après 2 ans d'études préliminaires, la construction s'étend sur un peu plus de 2 ans et mobilise 500 personnes. C'est une Ariane 3 qui valide son bon fonctionnement et décolle de la nouvelle zone de lancement en mars 1986. Le 15 juin 1988, après des opérations d'adaptation, la première Ariane 4 y est lancée avec succès.
Des installations innovantes
L'ensemble de lancement d'Ariane 4 était d'une conception originale : le lanceur n'était plus assemblé directement en la zone de lancement, mais sur une table mobile au cœur d'une zone de préparation située en arrière du pas de tir.
Cette conception permettait l’exécution simultanée de deux campagnes de lancement. Pendant qu'un lanceur était érigé, assemblé et contrôlé en zone de préparation, le précédent, érigé sur sa table mobile en zone de lancement, subissait les dernières opérations de contrôle avant lancement. Les deux zones étaient reliées entre elles par une double voie ferrée de 950 mètres, sur laquelle la table supportant le lanceur se déplaçait. Au milieu de la voie ferrée, une plate-forme tournante sur coussin d'air et une voie de dégagement permettent le croisement des tables.
Deux tables mobiles, pesant environ 500 tonnes et alimentées en électricité, gaz et fluides, étaient utilisées pour les lanceurs Ariane 4.
Ces préparations en parallèle ont permis de réduire l'intervalle entre deux lancements à trois semaines.
Zone de lancement
Une fois en zone de lancement, un contrôle final était effectué sur le lanceur. Le satellite était placé à son sommet et contrôlé, avant d'être recouvert par la coiffe. Le lanceur était raccordé aux installations au sol, rempli en carburant et en fluides, et les boosters propulseurs étaient assemblés si nécessaire : Ariane était prête pour le lancement !
Centre de lancement
Bâtiment blindé à deux niveaux recouvert d'une dalle de béton de 2 m d'épaisseur et d'une couche de terre de 4 m. Le centre de lancement constituait une zone de repli capable d'abriter les équipements et les opérateurs jusqu'au décollage du lanceur. C'est là que se déroulaient le contrôle et la commande à distance des circuits électriques et fluides, ainsi que la surveillance à distance du lanceur et de son environnement, en particulier pendant la chronologie de lancement.
L'ELA 2 a vu le décollage de 119 Ariane entre 1986 et 2003 : une Ariane 2, 2 Ariane 3 et 116 Ariane 4. Prévu initialement pour 100 lancements, ce 2e ensemble de lancement a fonctionné pour la dernière fois le 15 février 2003 avec la dernière Ariane 4. Il sera finalement démantelé en 2011.

Ariane 3 et Ariane 4 en préparation simultanée sur l'ELA1 et l'ELA2.