Les éléments de ce nouveau moyen satellite sont arrivés en novembre dernier à bord du second voyage du navire Canopée. Ils ont ensuite été livrés au CSG pour assemblage et tests de qualification. Retour en images sur ces opérations.
Bien que le CSG dispose de neuf salles blanches dédiées à la préparation des satellites avant les lancements, seuls deux Conteneurs de Charges Utiles (CCU) sont exploités lors des transferts de satellites d’une salle à l’autre dans des conditions optimales de température (au-dessous de 25°), d’hygrométrie (inférieure à 50 %) et de propreté particulaire et moléculaire (équivalente à celle d’un bloc opératoire) : les CCU2 et CCU3.
Il a été développé parce que les deux conteneurs actuellement opérationnels sont vieillissants. Le plus récent date des années 2000. Par ailleurs, élargir notre gamme de CCU devrait nous permettre de gagner du temps, ce qui est indispensable si nous voulons augmenter nos cadences de lancement
Kevin Brethome, Expert Moyens EPCU au CNES
Moderniser et gagner du temps
L’arrivée du CCU4 en 2024, permettra donc de changer la donne.
Côté matériaux, les CCU2 et CCU3 se ressemblent avec leur structure d’enveloppe en acier galvanisé. Le CCU4, quant à lui, fait le pari de la légèreté avec sa structure en aluminium. Il peut emporter jusqu’à 16 000 kg de charge utile, une capacité à mi-chemin entre celles du CCU2 (4 800 kg) et celle du CCU3 (23 000 kg).
Solution hybride, il reprend le meilleur des deux conteneurs actuellement opérationnels, tout en étant enrichi d’une série d’innovations. Avec sa petite coiffe et sa ventilation assurée par une bouteille d’azote, le CCU2 est très simple, ce qui le rend particulièrement fiable. Le CCU3, lui, est une véritable salle blanche mobile. Il embarque bien plus de technologies que son prédécesseur (groupe électrogène, climatisation, compresseur d’air, filtres, sécheur) et se déplace sur coussins d’air pour protéger au maximum la charge utile des chocs et vibrations.
Le CCU4 emprunte sa simplicité au CCU2 : il est doté d’un système passif (sans compresseur, ni climatisation, ni groupe électrogène…) et d’une enveloppe composée de deux demi coiffes. Mais comme le CCU3, il se déplace sur coussins d’air et il est tiré par une remorque Louault à essieu orientable.
Quelles innovations pour ce nouveau container ?
Ces similitudes n’empêchent pas le CCU4 de se distinguer par des innovations qui apportent avec elles davantage de fiabilité, de sécurité, d’autonomie ou qui facilitent les opérations. Ainsi, comme le CCU2, très sensible à la température extérieure, ne pouvait être utilisé que de nuit, les coiffes du nouveau conteneur ont été épaissies pour renforcer l’isolation thermique. Résultat : il devrait pouvoir être utilisé en journée jusqu’à six heures d’affilée en conservant une température intérieure constante. Autres exemples : les déplacements sur coussins d’air du CCU4 ont été motorisés via un système électrique et pneumatique intégré. Le pilotage se fait par télécommande.
Enfin, le déchargement se fait au moyen d’un système monte et baisse composé de quatre « pieds » permettant de s’affranchir d’un pont.
Nous espérons qu’il sera prêt pour le premier transfert d’Ariane 6 : ce serait un beau début !
Priorité à la sécurité
« Bien que passif, le CCU4 embarque de nombreux dispositifs électroniques tels que des afficheurs, des actuateurs, des capteurs. Comme pour les précédents CCU et en raison de la présence de carburant à bord de certaines charges utiles, ses systèmes électriques ont été mis aux normes ATEX - ATmosphère Explosive», précise Kevin Brethome. Le bâti est adapté à toutes les interfaces de satellites. Et là encore, la prévention des risques a été accrue, puisque le fond conteneur est équipé d’un bac de rétention destiné à récupérer l’ergol en cas de fuite. Fort de ses atouts, le nouveau CCU est très attendu. « Nous espérons qu’il sera prêt pour le premier transfert d’Ariane 6 : ce serait un beau début ! » conclut Kevin Brethome.