21 Août 2023

Révolutionner l’enseignement avec « Guyane Connectée - Combler les écarts »

Apporter un enseignement de qualité aux élèves des classes de 6ème puis de 5ème vivant dans des communes isolées de Guyane : tel est l’objectif de « Guyane Connectée – Combler les écarts ». Ce projet éducatif en préparation devrait démarrer à la rentrée de septembre 2023 par une expérimentation lancée à Maripasoula, dans la région du Haut Maroni. Retour sur une initiative très ambitieuse, portée par le Rectorat de Guyane et menée avec le soutien de l’Unité structurelle Espace pour la Guyane du CNES.

La problématique

Pour les enfants guyanais vivant dans des zones isolées du territoire, le passage de l’école élémentaire au second degré est systématiquement synonyme d’une rupture avec l’environnement familial et culturel. Le collège est si éloigné de leur lieu de vie qu’ils ne peuvent effectuer le trajet tous les jours et doivent être accueillis à l’internat. Il existe certes la solution de l’enseignement à distance via le CNED, mais elle a un inconvénient majeur : l’élève ne bénéficie pas de la socialisation scolaire.

 Le projet expérimenté

Il vise à proposer une autre solution : l’enseignement à distance et simultané grâce à la technologie des télécommunications par satellite. Des classes de 6ème connectées vont être créées pour les enfants vivant à Maripasoula et ses écarts du Haut Maroni. Ces élèves pourront assister en direct aux cours dispensés par les enseignants de la classe du collège de Maripasoula à laquelle ils seront rattachés. Le lien satellitaire fonctionnant en émission-réception leur permettra également d’interroger les enseignants et de dialoguer avec la classe.

Des intervenants en langue maternelle de la communauté seront formés pour les accueillir et assurer l’accompagnement pédagogique dans la classe, ainsi que la gestion des élèves durant le temps scolaire, la surveillance et le suivi des devoirs. Certains enseignements ne pouvant être dispensés à distance, un enseignant itinérant formé à la polyvalence se déplacera. Pour compléter le dispositif, des temps de rencontres seront régulièrement organisés afin de permettre aux enfants d’une même classe (ils seront une cinquantaine, dont une dizaine seulement présente au collège) de mieux se connaître et de progresser ensemble.

 

 Les acteurs du projet

Le Rectorat de Guyane porte le projet et en pilote les aspects pédagogiques. La Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) et la Région apportent un soutien logistique et financier. Le CNES, ainsi que la Société Publique Locale d’Aménagement Numérique de la Guyane et EDF, fournissent leur appui et expertise pour les volets technique et énergétique (le CNES partageant aussi son expérience en management des grands projets). L’usage intensif du numérique dans et après la classe nécessite par ailleurs l’appui d’une cellule d’ingénierie pédagogique dédiée, qui va accompagner les élèves ainsi que le personnel enseignant et d’encadrement. Toutes ces parties prenantes travailleront en étroite collaboration avec les communes, les parents d’élèves et les chefs coutumiers concernés. Le projet bénéficiera en outre de l’expertise universitaire du laboratoire Migrations, Interculturalité et Education en Amazonie de l’Université de Guyane.

 

Les défis à relever

Il y en a quatre. Un défi technique d’abord, avec la mise en place d’un système de télécommunications audio et vidéo totalement nouveau. Un logiciel sur mesure va être développé et une bande passante de la liaison satellitaire sera sanctuarisée pour cet usage. Un défi pédagogique ensuite, l’expérimentation allant de pair avec une manière révolutionnaire d’enseigner. Cela suppose de recruter et former aussi bien les professeurs que les accompagnateurs. Le troisième défi est logistique, car il faut installer et équiper des salles de classe dans des villages isolés. Cela va nécessiter – entre autres opérations - un acheminement de matériel par… pirogue et l’installation de panneaux solaires pour fournir de l’énergie verte. Enfin, il y a un défi humain, consistant à souder les liens entre élèves et enseignants. Une semaine d’intégration est par exemple prévue début septembre pour tout le monde.

Les différentes phases du projet

Lors de l’expérimentation, la nouvelle solution d’enseignement va être évaluée grâce à une batterie d’indicateurs, sous la houlette des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation d’Aix-Marseille et de Guyane. Cela permettra de valider son bien-fondé et de réaliser d’éventuels ajustements pour l’optimiser. Les acteurs du projet pourront alors passer aux phases suivantes : l’extension aux classes de cinquième et l’essaimage géographique du dispositif sur le territoire guyanais.